Laon et les Templiers – L’empreinte silencieuse de l’Ordre dans la cité sacrée
"Non nobis Domine, non nobis, sed Nomini Tuo da gloriam."
(« Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à Ton Nom donne la gloire. »)
— Psaume 115:1 (anciennement 113:9 dans la Vulgate)
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Une ville sacrée aux portes de l’Histoire
Dominant les plaines de Picardie comme une sentinelle de pierre, Laon surgit au détour d’un virage, dressée sur sa butte, invincible et fière. Ses remparts anciens, ses rues pavées, sa cathédrale au souffle gothique... tout respire la foi, la puissance, et un passé qui ne dort jamais.
Dans ce décor à la fois majestueux et énigmatique, au cœur du XIIe siècle, les Templiers trouvèrent une terre d’ancrage. Peu le savent, mais Laon fut l’un des lieux où s’établit une commanderie templière, discrète mais stratégique. C’est ici, entre ferveur religieuse et ambition féodale, que se tissa l’une des nombreuses ramifications de l’Ordre du Temple. Pour comprendre cette histoire, il faut plonger dans les ruelles du passé.
Laon au Moyen Âge – Carrefour du sacré et du pouvoir
Au Moyen Âge, Laon n’était pas une ville comme les autres. Capitale religieuse du royaume carolingien, elle fut un temps le refuge des rois et le théâtre de révoltes populaires. Les évêques de Laon y régnaient presque comme des princes. L’un d’eux, Anselme de Laon, fut même une sommité théologique de son temps.
Mais derrière cette apparente stabilité se cachait un bouillonnement. Les conflits entre clercs et la population, les rivalités entre bourgeois et chanoines, la lutte d’influence avec la monarchie... Laon était une poudrière aux pieds bénis.
C’est dans ce climat de ferveur et de tension qu’arrivèrent les Templiers. Leur réputation les précédait : moines-soldats, à la fois pieux et armés, ils suscitaient admiration et méfiance.
L’arrivée des Templiers à Laon – Fondation d’une commanderie
Selon les sources les plus crédibles, la commanderie templière de Laon fut fondée vers 1140–1150, en pleine expansion de l’Ordre en France. C’est l’époque où Bernard de Clairvaux soutient ardemment les Templiers, et où les dons affluent de toutes parts. À Laon, c’est probablement un seigneur local ou l’évêché lui-même qui offrit aux frères une parcelle de terre pour s’établir.
Où exactement se trouvait la commanderie ? Les documents évoquent une implantation à l’est de la ville, hors des murs, près des axes commerciaux et agricoles. Elle comprenait comme toute commanderie typique :
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Une chapelle dédiée (probablement à Sainte-Marie ou Saint-Georges) ;
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Une grange pour stocker les récoltes ;
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Des logements pour les frères ;
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Un petit cimetière ;
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Des terres cultivables.
On parlait alors d’un "hospital" templier, car la mission d’accueil – de pèlerins comme de pauvres – faisait aussi partie de leur vocation.
Une présence discrète mais influente – Vie quotidienne des Templiers à Laon
Contrairement aux grandes commanderies comme celle de Provins ou de Paris, celle de Laon n’abritait pas des dizaines de chevaliers. Il s’agissait probablement d’une petite équipe de cinq à dix frères, supervisés par un commandeur. Leur mission ? Gérer les terres, percevoir les dîmes et rentes, envoyer les bénéfices à la maison-mère, et bien sûr, accueillir les voyageurs en route vers la Terre Sainte.
Une anecdote rapportée dans les actes de donations conservés à Laon mentionne un certain frère Géraud, qui aurait intercédé en faveur d’un villageois accusé de braconnage. "Il vaut mieux un pécheur vivant qu’un innocent pendu", aurait-il déclaré. Cette clémence inhabituelle pour l’époque contribua à renforcer leur image bienveillante.
Mais cette aura n’était pas universelle : dans les années 1290, des rumeurs de comportements déviants circulent, sans qu’aucune preuve formelle ne soit apportée.
Réseau templier et rayonnement régional
La commanderie de Laon n’était pas isolée : elle appartenait à un vaste réseau régional, avec des liens vers les commanderies de Reims, Soissons, Coulommiers, ou encore Eaucourt-sur-Somme. Ces lieux formaient une toile logistique essentielle pour financer et organiser les expéditions croisées.
Laon, par sa position élevée et protégée, servait également de dépôt temporaire pour les ressources (chevaux, blé, armes) en partance pour Marseille ou Aigues-Mortes, avant l’embarquement vers l’Orient. Le Temple de Laon, modeste mais bien placé, était une pièce du puzzle logistique des croisades.
La chute de l’Ordre – Et Laon dans tout cela ?
Tout bascula en 1307. Le 13 octobre, à l’aube, sous l’ordre du roi Philippe le Bel, les Templiers furent arrêtés dans tout le royaume. À Laon, les archives mentionnent deux frères arrêtés et envoyés à Reims pour interrogatoire. Le procès fut bref, la commanderie dissoute peu après.
En 1312, le pape Clément V abolit officiellement l’Ordre. Le site templier de Laon, comme beaucoup d’autres, fut attribué aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui en prirent possession mais sans toujours l’exploiter activement.
Vestiges et mémoire – Que reste-t-il des Templiers à Laon ?
Aujourd’hui, presque rien de visible ne subsiste de la commanderie templière de Laon à par la "Chapelle des Templiers". Mais les historiens locaux s’accordent à situer l’ancien site dans le secteur de la rue Saint-Vincent, en contrebas de la vieille ville. Quelques pierres anciennes intégrées à des murs de grange, une stèle abîmée, un nom de champ oublié : voilà les derniers échos de cette époque.
Au XIXe siècle, un pèlerin passionné d’histoire nommé Jules Destrez écrivit dans son carnet :
« J’ai dormi au pied de la colline de Laon, et j’ai rêvé de chevaliers au manteau blanc. Le vent portait leur prière, et les cloches sonnaient comme autrefois. »
Ce souvenir poétique, bien qu’anecdotique, prouve combien le mythe templier continue d’habiter les lieux.
Conclusion – Une mémoire enfouie sous les pierres de Laon
L’histoire des Templiers à Laon n’a rien du tumulte de Jérusalem ou de la tragédie de Jacques de Molay. Elle est discrète, presque effacée. Mais elle est là, dans les plis de la pierre, les silences des archives, les noms oubliés.
La commanderie de Laon fut l’un des nombreux nœuds du réseau templier : un lieu de gestion, de prière, de service. Elle incarne cette dimension humble et laborieuse de l’Ordre, loin des batailles mais tout aussi essentielle à sa grandeur.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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Saviez-vous qu’une commanderie templière existait à Laon ?
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Que pensez-vous de cette face cachée de l’Ordre du Temple, loin des croisades ?
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Devrait-on faire davantage de recherches archéologiques pour retrouver ces sites oubliés ?
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L’histoire des Templiers vous fascine-t-elle pour ses mystères ou pour ses fondations concrètes ?
Laon et les Templiers – L’empreinte silencieuse de l’Ordre dans la cité sacrée
Une discrétion choisie – Pourquoi Laon n’est-elle pas plus connue pour son passé templier ?
Contrairement à des sites comme Provins, Arville ou la commanderie de Richerenches, Laon n’a jamais mis en avant son passé templier. Pourquoi ? Plusieurs raisons peuvent être avancées.
D’abord, l’absence de vestiges visibles. Là où d’autres villes ont conservé un mur, voire des bâtiments entiers, Laon n’a gardé que des bribes, difficiles à identifier à part "la Chapelle des templiers". Ensuite, le rôle des Templiers à Laon fut avant tout économique et logistique, loin des récits glorieux de batailles. Enfin, l’héritage hospitalier a peu valorisé les lieux, préférant d’autres commanderies mieux situées pour leurs propres intérêts.
Pourtant, les historiens régionaux, comme Paul Quentin ou Jean Mesqui, ont relevé dans les registres de l’évêché de Laon et les cartulaires templiers des mentions claires de propriétés, de donations et d’échanges impliquant les frères du Temple. Des chartes de 1153, 1178 et 1204 citent explicitement la maison du Temple de Laon, les noms de frères servants, et des échanges de terres avec les moines de Saint-Vincent.
L’héritage invisible – Ce que les Templiers ont légué à Laon
Même si les murs ont disparu, les Templiers ont laissé une empreinte à Laon, non pas architecturale, mais culturelle et foncière. Plusieurs champs et hameaux autour de la ville furent longtemps appelés "Les terres du Temple" ou "la Maison Blanche", noms qui évoquent les manteaux immaculés des chevaliers.
La gestion rigoureuse qu’ils imposaient à leurs domaines a aussi influencé les pratiques agricoles dans la région. Les Templiers ont importé certaines méthodes de culture apprises dans les commanderies du Sud et parfois même de l’Orient. On retrouve des mentions d’un système d’irrigation et de rotation des cultures dans les anciens biens du Temple.
De plus, leur mémoire plane sur la toponymie locale : des lieux-dits comme "La Templerie", "La Croix Blanche" ou encore "La ferme du Chevalier" rappellent leur passage. Si vous visitez Laon aujourd’hui, ces noms passent souvent inaperçus… sauf à ceux qui savent lire entre les lignes de l’Histoire.
La redécouverte moderne – Un regain d’intérêt pour les archives templières
Depuis les années 2000, un petit groupe de passionnés locaux a entrepris de relire les archives de la cathédrale et les registres fonciers de Laon. L’un d’eux, un enseignant à la retraite, a reconstitué sur carte l’emplacement probable de la commanderie. Selon ses hypothèses, elle aurait occupé une zone aujourd’hui bâtie de maisons privées et de petits jardins, entre l’actuelle rue du Cloître et la rue Saint-Just.
En 2017, une conférence fut organisée à Laon autour du thème : "Templiers et Hospitaliers en Picardie : entre mythe et réalité". Le public, nombreux, posait des questions précises :
— Les Templiers avaient-ils un cimetière à Laon ?
— Qu’ont-ils fait des ressources agricoles ?
— Où partaient les revenus ?
La réponse des historiens fut unanime : "Les Templiers, à Laon comme ailleurs, étaient des gestionnaires aussi efficaces que pieux. Ils savaient transformer un petit domaine en relais stratégique au service d’une mission bien plus vaste."
Entre mythe et réalité – Le voile des légendes sur Laon
Peut-on parler de Templiers sans évoquer les légendes ? Non, bien sûr. Et Laon n’échappe pas à cette règle.
Parmi les rumeurs persistantes, une intrigue locale fait état d’un trésor dissimulé dans les caves d’un ancien bâtiment canonial, possédé un temps par les Templiers. Ce bâtiment, situé rue des Cordeliers, aurait servi de refuge à des documents ou des biens lors des arrestations de 1307. Aucune preuve formelle, mais un ancien propriétaire affirma en 1889 avoir trouvé des "coffres de pierre vides et scellés".
Autre anecdote intrigante : au XVIIIe siècle, un abbé de Laon aurait déclaré dans un sermon :
« Mieux vaut les Templiers que les brigands d’aujourd’hui, car eux au moins priaient et construisaient. »
Cette citation fut reprise par des érudits romantiques qui voyaient dans les Templiers les derniers justes d’un Moyen Âge déchu.
Les Templiers et la spiritualité laonnoise
Laon, avec sa cathédrale sacrée, sa tradition intellectuelle, et sa foi rayonnante, offrait un terreau idéal pour l’esprit templier. Ces hommes, mi-moines mi-soldats, s’intégraient dans une vision du monde où le sacré dictait l’action, où chaque bataille était aussi une prière.
Les Templiers à Laon participaient aux offices, assistaient aux conciles, et offraient parfois leur chapelle pour les pèlerinages locaux. On rapporte qu’en 1256, une procession exceptionnelle se déroula depuis la cathédrale jusqu’à la commanderie, avec le reliquaire de Saint Rémi. Un acte rare, signe d’un respect mutuel entre clergé et chevaliers.
Un appel à la mémoire – Vers une redécouverte patrimoniale ?
Aujourd’hui, alors que Laon valorise de plus en plus son patrimoine médiéval, le passé templier reste encore trop discret. Pourtant, dans un monde en quête de sens et d’authenticité, ces histoires peuvent faire renaître des lieux oubliés.
Et si l’on créait un parcours pédestre "Sur les traces des Templiers de Laon" ?
Et si une plaque discrète rappelait l’existence de la commanderie ?
Et si des ateliers pour enfants racontaient les vies de ces hommes entre foi, guerre et justice ?
Les Templiers ne sont pas que des figures de roman ou des sujets de séries Netflix. À Laon, ils ont été bien réels. Et leur souvenir mérite mieux que l’oubli.
Et vous, chers lecteurs...
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Saviez-vous que Laon avait accueilli une commanderie templière ?
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Que pensez-vous du rôle discret mais central de ces petites commanderies rurales ?
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Devrait-on investir dans des fouilles ou des reconstitutions locales ?
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Laon et les Templiers – L’empreinte silencieuse de l’Ordre dans la cité sacrée
📍 Commanderies notables autour de Laon
Parmi les commanderies proches de Laon, on peut citer :
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Laon : Située au sud de la ville haute, rue Georges Ermant, la chapelle des Templiers est l'un des rares vestiges encore visibles aujourd'hui. Elle est classée monument historique depuis 1846.
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Puisieux-sous-Laon : À quelques kilomètres au sud de Laon, cette commanderie gérait des terres agricoles et percevait des dîmes. Des documents de 1278 mentionnent des accords entre les Templiers et les religieux de Saint-Martin de Laon concernant des droits de dîme sur des terres situées à Chambry, Malaise et Étrepoix. Bertaignemont : Située dans l'Aisne, cette commanderie possédait des terres et des droits seigneuriaux. Elle est mentionnée dans des chartes médiévales.
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Soissons : Importante commanderie qui jouait un rôle central dans la gestion des biens templiers de la région.
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