Le Réseau des Commanderies
Quand les Templiers bâtissaient un empire sur les terres de France
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Une organisation millimétrée, née de la nécessité
Au-delà des croisades, l’Ordre du Temple est une machine logistique hors pair. Pour soutenir les frères d’Orient, il faut nourrir, armer, équiper. Et pour cela, l’Ordre s’appuie sur un réseau dense et structuré de commanderies à travers toute l’Europe – avec la France comme cœur battant de ce maillage.
Chaque commanderie n’est pas un simple relais spirituel : c’est une base autonome, gérée comme une entreprise, avec des ressources, du personnel, des objectifs. On y produit du blé, du vin, on élève des moutons, on perçoit des taxes, on fait commerce. C’est un réseau interconnecté, dont les recettes financent les campagnes de Terre sainte.
Une structure qui, étonnamment, rappelle les grandes multinationales modernes.
Les types de commanderies : du modeste domaine à la forteresse régionale
Toutes les commanderies ne se valent pas. On distingue plusieurs niveaux :
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Les maisons principales ou « baillies », souvent établies près des grandes routes, jouaient un rôle régional. Exemples : la commanderie de La Rochelle, véritable port logistique, ou celle d’Arville, point de départ de nombreux croisés.
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Les simples granges, qui ne comptaient que quelques frères et serviteurs, se consacraient exclusivement à la production agricole.
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Les maisons urbaines, comme à Paris ou Troyes, abritaient les fonctions administratives, bancaires, voire diplomatiques.
Le frère précepteur (chef de la commanderie) gérait l’ensemble comme un petit seigneur. Il rendait compte à son supérieur régional – le maître de province – qui lui-même répondait au maître de l’Ordre à Jérusalem.
Une cartographie impressionnante : les commanderies en France
Le réseau des commanderies templières en France était incroyablement dense, couvrant toutes les provinces de l’ancien royaume. On estime qu’au moment de l’arrestation des Templiers en 1307, il existait plus de 1 500 établissements templiers, dont près de 700 véritables commanderies, et des centaines d’annexes, fermes et granges.
Voici une sélection de villes et villages abritant des commanderies majeures, classés par grandes régions historiques :
Île-de-France
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Paris : le Temple, siège central de l’Ordre en France, avec une enceinte fortifiée, une tour massive et des archives.
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Coulommiers : belle commanderie avec une chapelle romane encore visible.
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Rosny-sur-Seine : commanderie importante à l’ouest de Paris.
Picardie
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Laon : centre régional stratégique au nord du royaume.
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Villers-le-Sec (Aisne) : maison agricole et relais.
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Braine, Étréaupont, Marle, Noyon : lieux d’ancrage logistique et agricole.
Champagne
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Troyes : ville clé pour l’Ordre, où fut tenue la fondation officielle en 1129.
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Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Avrolles : commanderies riches et puissantes.
Bourgogne
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Beaune, Châtillon-sur-Seine, Voulaines-les-Templiers, Montbard, Bellenot-sous-Pouilly : avec des bâtiments souvent fortifiés.
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La Romagne : commanderie active proche de Dijon.
Normandie
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Le Temple à Caen, Bayeux, Alençon, Argentan : maisons bien placées pour le commerce transmanche.
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Valcanville : commanderie du Cotentin en activité jusque tard.
Bretagne
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Le Temple-de-Bretagne (Loire-Atlantique), La Guerche-de-Bretagne, Quimperlé : implantations stratégiques en zones de transit maritime.
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Saint-Malo, Lamballe : activités navales et d’accueil de pèlerins.
Poitou / Saintonge / Angoumois
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La Rochelle : grand port templier, plaque tournante entre France et Orient.
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Chinon, Niort, Civray, Saint-Jean-d’Angély, Saintes : terres fertiles, routes commerciales.
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Angoulême, Mouthiers-sur-Boëme : commanderies rurales puissantes.
Languedoc / Provence
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Richerenches, Grillon, Bras, Arles, Montfrin, Beaulieu, Orange : commanderies riches souvent liées au vin et à l’huile.
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Saint-Gilles, Marseille : ports actifs.
Auvergne / Bourbonnais
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Le Temple, près de Clermont-Ferrand.
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Doyet, Montluçon, Chantelle, Hérisson : maisons agricoles renforcées.
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Mauriac, Aurillac : commanderies d’altitude bien organisées.
Aquitaine
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Le Temple-sur-Lot, Penne-d’Agenais, Villeneuve-sur-Lot : sites liés à la navigation fluviale.
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Bordeaux, Périgueux, Bergerac : commanderies actives dans le commerce.
Gascogne / Béarn / Pays Basque
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Gelos, Orthez, Pau, Navarrenx : points d’étape des pèlerins vers Compostelle.
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Auch, Lectoure, Condom : grands domaines templiers.
Dauphiné / Alpes
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Gap, Embrun, Romans-sur-Isère, Vienne, La Buissière, Grenoble : commanderies fortifiées sur les routes alpines.
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Chambéry, Voiron : relais vers l’Italie.
Rhône / Lyonnais / Forez
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Lyon, Montbrison, Saint-Galmier, Rive-de-Gier : commanderies urbaines et commerciales.
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Chazelles-sur-Lyon, Feurs, Roanne : maisons de production et transit.
Languedoc occidental / Rouergue / Quercy
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Sainte-Eulalie-de-Cernon, La Cavalerie, La Couvertoirade, La Bastide-Pradines, Le Viala-du-Pas-de-Jaux : véritable réseau templier dans les Causses, encore très visible aujourd’hui.
Anecdote
Il existe des communes actuelles portant encore la trace de cette époque dans leur nom :
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Le Temple-de-Bretagne, Le Temple-sur-Lot, La Commanderie, Les Templiers, Voulaines-les-Templiers, La Cavalerie, Templemars...
Ce toponymie n’est pas anodine : elle marque la persistance du souvenir templier dans l’imaginaire collectif local, bien après leur chute.
Une vie bien réglée derrière les murs
La commanderie suit une règle stricte, inspirée de la vie monastique. Les journées sont rythmées par les offices, le travail, les repas, les rapports.
Les frères ne possèdent rien en propre, tout appartient à l’Ordre. Ils dorment en dortoirs, mangent ensemble en silence. Ils accueillent les pauvres, logent parfois des pèlerins, rendent la justice dans leurs domaines.
Mais derrière cette austérité, la commanderie vit aussi de ses échanges : foires locales, alliances seigneuriales, prêts aux nobles ou aux abbayes… Le frère précepteur est souvent un fin négociateur, voire un stratège.
L’aspect militaire : plus présent qu’on ne croit
Si les commanderies rurales semblent éloignées des combats, certaines jouent un rôle défensif. Des tours, des fossés, des meurtrières – tout y est. En temps de troubles, ces lieux servaient de refuge.
Par exemple, la commanderie de Sainte-Eulalie-de-Cernon, dans l’Aveyron, était une véritable place forte dans les Causses. Elle a résisté à plusieurs sièges.
Ailleurs, des commanderies sont situées à proximité de points sensibles : passages de fleuves, cols alpins, abords de villes, zones frontalières. Elles assurent le relais pour les frères en mission et garantissent la continuité du pouvoir templier.
Un réseau bancaire avant l’heure
Par leur présence dans tout le royaume, les Templiers mettent en place un système révolutionnaire : le transfert de fonds sécurisé à travers les commanderies.
Un seigneur en partance pour la croisade pouvait déposer ses fonds à la commanderie de Provins et les récupérer à Saint-Jean-d’Acre. Chaque commanderie agissait comme une succursale bancaire.
Ces pratiques développèrent la confiance des puissants dans l’Ordre – jusqu’à ce que cette puissance économique suscite l’inquiétude des rois.
Témoignages et légendes des terres templières
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En Bourgogne, on raconte qu’un trésor templier serait caché sous les caves de la commanderie de Voulaines-les-Templiers.
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En Provence, des récits évoquent des tunnels secrets reliant plusieurs commanderies.
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En Normandie, certains paysans disent encore qu’aux équinoxes, l’ombre d’un vieux clocher templier montre l’entrée d’un passage oublié.
Si ces récits sont teintés de mystère, ils traduisent une réalité : la commanderie était bien plus qu’un simple lieu de vie. Elle suscitait respect, crainte, parfois fascination.
Une disparition, pas une éradication
Après 1307, les commanderies templières ne sont pas rasées. La plupart sont transférées à l’Ordre des Hospitaliers. Les structures demeurent, parfois jusqu’à nos jours.
Nombre de bâtiments subsistent aujourd’hui : chapelles, granges, tours, caves voûtées. Certains sont devenus des musées, d’autres des exploitations agricoles, d’autres encore des résidences privées.
Ce patrimoine bâti, ancré dans le paysage rural français, est un héritage tangible du génie organisationnel des Templiers.
Questions ouvertes
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Avez-vous déjà visité une commanderie dans votre région ? Quelle impression en avez-vous gardé ?
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Pensez-vous que les Templiers ont inventé une forme précoce de banque moderne ?
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Selon vous, pourquoi les commanderies ont-elles autant nourri les légendes jusqu’à aujourd’hui ?
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