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Histoire de France au Moyen-Âge : le 15 Novembre
Histoire de France au Moyen-Âge : le 15 Novembre

15 novembre 1491 : le traité de Rennes et la fin de l’indépendance bretonne
Le 14 novembre 1491, Rennes est encore assiégée, la Bretagne est exsangue, et une adolescente de quatorze ans porte sur ses épaules l’avenir de tout un duché. Son nom : Anne de Bretagne. Les négociations entamées avec le roi de France Charles VIII aboutissent à ce que l’on appelle le traité de Rennes, conclu le 15 novembre, qui ouvre la voie à son mariage avec le souverain français et scelle pratiquement la fin de l’indépendance bretonne. Pour comprendre la portée de ce 14 novembre, il faut revenir sur les dernières années de la Bretagne ducale, sur la guerre franco-bretonne, sur le siège de Rennes et sur ce choix tragique mais lucide d’une duchesse encerclée. Entre bannières bretonnes, armées royales, alliances internationales et manœuvres diplomatiques, cette date marque une véritable bascule dans l’histoire de France.
Ce récit est aussi l’occasion de plonger dans l’univers de la chevalerie de la fin du XVe siècle : les garnisons retranchées derrière les murailles, les soldats équipés de solides épées médiévales, les capitaines casqués d’imposants casques du Moyen Âge, les hommes d’armes protégés par des armures de plates et les défenseurs juchés sur les remparts, leurs boucliers appuyés contre le parapet, prêts à repousser les assauts. À travers ces images, c’est tout l’esprit de La Forge des Chevaliers® qui trouve naturellement sa place dans l’évocation d’un des derniers grands sièges de l’histoire bretonne.
Le duché de Bretagne à la veille du siège de Rennes
Un grand fief entre France et Angleterre
À la fin du Moyen Âge, la Bretagne n’est pas encore une simple province du royaume de France. C’est un duché puissant, doté d’institutions propres, d’une noblesse fière de ses privilèges, d’un parlement, de villes marchandes prospères et d’une identité forte. Le duc François II, père d’Anne, gouverne ce territoire comme un prince quasi souverain, jouant habilement des rivalités entre la couronne de France et les puissances étrangères, notamment l’Angleterre et les Habsbourg.
Cette autonomie repose en partie sur une aristocratie guerrière aguerrie, héritière de siècles de conflits. Les seigneurs bretons forment une chevalerie réputée pour sa bravoure, équipée d’armes solides et pratiques. On imagine, sur les champs de bataille de la fin du XVe siècle, leurs longues lances, leurs épées à une main ou leurs sabres d’apparat, leurs heaumes fermés et leurs grandes armures articulées, semblables aux armures médiévales présentées aujourd’hui par La Forge des Chevaliers®.
La menace grandissante du royaume de France
Mais cette indépendance inquiète la monarchie française. Depuis Louis XI, la politique royale vise à réduire les grands féodaux et à intégrer progressivement les derniers grands duchés récalcitrants. La Bretagne apparaît comme la dernière pièce d’un puzzle territorial que les rois de France veulent achever. Les tensions se multiplient lorsque François II, soucieux de préserver la liberté de son duché, contracte des alliances risquées et tente de marier sa fille à des princes étrangers, afin de placer la Bretagne sous la protection d’une autre grande puissance.
Au cœur de cette stratégie se trouvent des traités complexes et des engagements matrimoniaux où chaque promesse de mariage est aussi une promesse de soutien militaire. On comprend alors pourquoi le destin d’Anne, future duchesse, est si convoité, et pourquoi chaque épée tirée du fourreau ou chaque bouclier héraldique levé sur les remparts de Rennes prend une dimension politique continentale.
Anne de Bretagne : une adolescente au centre des ambitions européennes
Une héritière précoce
En 1488, la mort de François II après la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier laisse la Bretagne dans une situation critique. Sa fille, Anne, n’est encore qu’une enfant, mais elle devient duchesse souveraine d’un territoire menacé. En théorie, plusieurs puissances extérieures peuvent revendiquer un droit sur sa main, et donc sur la Bretagne : les rois d’Angleterre, les Habsbourg, voire certains princes français. Chacun espère l’attirer dans son camp et faire du duché une pièce maîtresse dans le jeu diplomatique européen.
Anne est élevée dans un univers où la symbolique de la chevalerie est omniprésente : tournois, parades militaires, cortèges de nobles armés, tenues somptueuses, broderies, bijoux. On imagine volontiers ses gardes personnels vêtus de harnois complets, casqués de heaumes ouvragés, portant à la ceinture des épées richement décorées, témoignant du prestige ducale.
Un mariage par procuration avec Maximilien d’Autriche
Pour contrer l’hégémonie française, un premier mariage est contracté en 1490 : Anne épouse par procuration Maximilien d’Autriche, futur empereur. L’union, célébrée à Rennes, donne au duché un puissant allié, mais elle viole des clauses imposées par la France, qui exigeait son accord pour tout mariage de l’héritière bretonne. Ce geste est perçu à la cour de France comme une provocation majeure. Il ne s’agit plus seulement d’une petite principauté autonome, mais d’un duché qui se place sous la protection directe des Habsbourg, potentiels ennemis de la France.
Très vite, les tensions dégénèrent en affrontement ouvert. Le roi Charles VIII décide d’en finir avec cette autonomie bretonne qu’il juge dangereuse pour la sécurité du royaume. La guerre reprend, et la Bretagne se prépare à une lutte désespérée.
La guerre franco-bretonne et l’avancée de Charles VIII
Les campagnes militaires décisives
En 1491, l’armée royale française, commandée par Louis II de la Trémoille, mène une série de campagnes efficaces. Plusieurs places fortes bretonnes tombent les unes après les autres. Les troupes royales disposent d’une artillerie puissante, de contingents disciplinés, de capitaines expérimentés. Les garnisons bretonnes, bien qu’ardentes à défendre leur duché, manquent de soutien extérieur réel. L’Angleterre hésite, les Habsbourg sont occupés ailleurs, et les renforts promis ne suffisent pas à inverser la tendance.
Dans ces armées, les hommes d’armes sont équipés d’armes lourdes, d’épées de guerre, de piques, de vouges et parfois de redoutables haches que l’on peut rapprocher des haches médiévales proposées par La Forge des Chevaliers®. Les cavaliers portent des armures de plates complètes, tandis que l’infanterie se contente parfois de brigandines, de casques simples et de solides boucliers ronds.
Rennes, dernier bastion de résistance
Peu à peu, la plupart des villes bretonnes capitulent ou négocient avec le roi de France. Une seule grande cité tient encore bon : Rennes. C’est là que s’est réfugiée la duchesse Anne, entourée de ses conseillers, de sa cour et de ses troupes les plus fidèles. La ville devient le symbole ultime de l’indépendance bretonne. Tant que Rennes résiste, l’idée d’une Bretagne libre continue de vivre. Le siège qui s’ouvre est donc autant militaire que psychologique.
Pour la défense, on renforce les murailles, on stocke vivres et projectiles, on prépare les postes de tir pour l’artillerie et les archers. Les hommes de la garnison vérifient leurs armes, veillent à la solidité de leurs casques, inspectent mailles et plaques d’acier. Au-dessus des remparts flottent les étendards bretons, tandis qu’en contrebas, les troupes royales plantent leurs campements, dressent des engins de siège, et alignent leurs canons.
Le siège de Rennes : entre héroïsme et épuisement
Une ville prête à "résister jusqu’à la mort"
Les chroniques évoquent des habitants déterminés, nobles et bourgeois confondus, décidés à ne pas livrer la ville. Rennes résiste avec acharnement aux assauts, de même qu’aux pressions psychologiques. Les soldats bretons montent la garde nuit et jour, arc ou arbalète à la main, épée au côté, surveillant les mouvements adverses. L’atmosphère rappelle ces scènes de sièges que l’on associe spontanément aux reconstitutions historiques : silhouettes casquées, silhouettes cuirassées, gardes brandissant des épées de combat sous la lueur des torches.
Les ressources cependant s’amenuisent. Les renforts extérieurs n’arrivent pas. La population civile souffre, les vivres se raréfient, les maladies menacent. Anne de Bretagne doit alors affronter un choix cruel : continuer la résistance au risque de voir la ville tomber par la force, ou négocier pour préserver ce qui peut l’être encore du destin de son duché.
Anne choisit la voie de la négociation
Face à l’impasse militaire, la duchesse opte pour la survie de la Bretagne plutôt que pour une résistance vouée au massacre. Elle entame des pourparlers avec le camp français. Ce choix ne signifie pas une capitulation de cœur, mais une lucidité politique rare pour une jeune fille de quatorze ans. Elle sait que si Rennes est prise par la force, les conséquences seront terribles : pillages, destructions, répression contre les élites bretonnes. En négociant, elle espère sauvegarder au moins les institutions, les lois et certaines libertés du duché.
Le traité de Rennes : 14–15 novembre 1491
Les conditions imposées par Charles VIII
Les discussions s’accélèrent en novembre 1491. Le 14, les bases de l’accord sont fixées, et le 15 novembre, un traité est signé à Rennes. Ce texte, souvent appelé traité de Rennes, met fin de facto à l’indépendance bretonne. Anne de Bretagne y accepte la perspective d’un mariage avec le roi de France Charles VIII, tandis que le souverain s’engage à respecter un certain nombre de coutumes et de droits bretons.
Le mariage n’est pas encore célébré, mais tout est déjà décidé. La Bretagne ne sera pas formellement annexée immédiatement, mais elle entre dans l’orbite française par l’union matrimoniale. Pour les contemporains, il est clair que "le mariage avec Charles VIII vaut autant qu’une conquête". La duchesse devient la future reine de France, et le duché, le futur apanage des rois capétiens.
Une alliance scellée sous la pression des armes
Même si le traité est présenté comme librement consenti, personne n’est dupe. La présence de l’armée royale, la chute des autres places bretonnes, le siège prolongé de Rennes donnent à ces négociations un parfum de capitulation. Les chroniqueurs insistent sur l’idée que la duchesse a été contrainte par les circonstances, sinon par la force. Pourtant, Anne ne se contente pas de subir : elle obtient des garanties sur la conservation des institutions bretonnes, sur la tenue d’États propres au duché, sur la permanence de certaines particularités juridiques.
Là encore, l’image de la chevalerie est omniprésente. On peut imaginer la salle où se déroule la signature : seigneurs en manteaux d’armes, conseillers la plume à la main, gardes armés tenant leurs écus décorés de blasons, tandis que d’autres, en arrière-plan, s’appuient sur des épées longues symboles de l’autorité royale.
Le mariage programmé d’Anne et de Charles VIII
Des fiançailles politiques
À partir du traité de Rennes, le destin d’Anne est lié à celui du roi de France. Les fiançailles sont vite organisées, et le mariage sera célébré quelques semaines plus tard au château de Langeais, en décembre 1491. Mais l’essentiel se joue déjà à Rennes : la duchesse renonce à son union avec Maximilien d’Autriche, et la Bretagne bascule dans le camp français.
Ce mariage est présenté comme une union de paix. Les deux parties affirment vouloir mettre fin à la guerre qui ravage la région depuis des années. Pour autant, cette paix repose sur la supériorité militaire de la France. Les armures des hommes d’armes, leurs casques, leurs épées, leurs boucliers décorés de lys ont plus pesé dans la balance que les arguments juridiques ou diplomatiques.
Une duchesse qui n’abandonne pas pour autant la Bretagne
Anne de Bretagne, malgré sa nouvelle position de reine de France, n’oubliera jamais ses racines. Elle défendra toute sa vie les intérêts de son duché, se battra pour la reconnaissance de ses droits, et tentera de préserver son caractère distinct au sein du royaume. Son attitude, plus tard, montrera que le traité de Rennes n’est pas une reddition morale, mais le début d’une lutte plus subtile pour sauver ce qui peut l’être encore de l’identité bretonne.
Dans les représentations modernes, on aime figurer Anne vêtue de riches étoffes, parée de bijoux et entourée de chevaliers en armure de cérémonie. Ces images rejoignent l’esthétique historique que l’on retrouve dans les créations de La Forge des Chevaliers®, où épées, casques et boucliers rappellent la grandeur tragique de cette époque.
Conséquences pour la Bretagne : de la duchesse à la province
Une autonomie en sursis
Après 1491, la Bretagne conserve encore, en théorie, une certaine autonomie. Le duché existe toujours juridiquement, même s’il est gouverné par le couple royal. Les institutions bretonnes continuent à se réunir, les lois locales demeurent, les impôts ne sont pas immédiatement alignés sur ceux du reste du royaume. Mais chacun sent que le temps joue en faveur de la monarchie française. Les mariages, successions et traités vont peu à peu intégrer définitivement la Bretagne.
Les nobles bretons, eux, s’adaptent. Certains entrent au service du roi de France, portant désormais la croix blanche ou les lys sur leurs bannières. D’autres conservent une fierté locale, perpétuant les traditions militaires de leurs ancêtres, avec leurs propres couleurs, leurs propres cri de guerre, leurs propres armes semblables aux épées de chevalier et écus médiévaux que l’on peut admirer aujourd’hui.
Vers l’union définitive avec la France
À plus long terme, le processus engagé à Rennes aboutira à l’union définitive de la Bretagne avec la France au XVIe siècle. Le mariage d’Anne avec Charles VIII, puis avec Louis XII, les arrangements successoraux et les décisions politiques successives conduiront à faire de la Bretagne une province intégrée. À l’échelle de l’histoire de France, le traité de Rennes est donc une étape clé dans la construction de l’État royal. Il complète la longue œuvre commencée par les rois capétiens pour réduire les grands fiefs et unifier le royaume sous une seule couronne.
Le 14 novembre 1491 dans la mémoire historique
Une date charnière entre Moyen Âge et temps modernes
Le siège de Rennes et le traité de 1491 appartiennent à la toute fin du Moyen Âge. Quelques années plus tard seulement, les rois de France se lanceront dans les guerres d’Italie, l’art de la Renaissance se diffusera, et les formes de la guerre elles-mêmes évolueront rapidement. Le monde des chevaliers en armure complète, des sièges classiques, des remparts massifs commence déjà à être transformé par l’artillerie, par de nouvelles stratégies, et bientôt par les grandes mutations politiques et religieuses de l’Europe.
Pourtant, dans la mémoire bretonne comme dans celle des passionnés d’histoire, ce 14 novembre reste l’image d’une résistance ultime, d’une duchesse jeune mais déterminée, d’une ville qui refuse de se rendre sans négocier. C’est le souvenir d’un temps où les destins des peuples se jouaient autant dans les salles de négociation que sur les champs de bataille, à l’ombre des lances et des épées d’acier.
Une source d’inspiration pour les passionnés de reconstitution et de chevalerie
Aujourd’hui, cet épisode inspire reconstitutions historiques, romans, bandes dessinées et jeux de rôle. Les amateurs de Moyen Âge recréent le siège de Rennes, imaginent les bivouacs des armées, les patrouilles nocturnes, les conseils de guerre d’Anne et de ses capitaines, les parades des chevaliers français devant les murailles de la ville. Les équipements médiévaux jouent alors un rôle central : armures, casques, épées, haches, dagues, boucliers. Autant d’éléments que l’on retrouve dans les collections de La Forge des Chevaliers®, permettant de donner corps à cet imaginaire historique.
Qu’il s’agisse d’une épée de chevalier inspirée du XVe siècle, d’un casque de guerre aux lignes gothiques ou d’un bouclier aux armoiries bretonnes ou françaises, chaque pièce contribue à faire revivre cette époque charnière où l’histoire de la Bretagne et celle de la France se sont irrémédiablement entrelacées.
Conclusion : un 14 novembre décisif pour la Bretagne et pour la France
Le 14 novembre 1491, à Rennes, la décision d’ouvrir la voie au traité et au mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VIII met un terme à des décennies de luttes pour l’indépendance du duché. Ce jour-là, une jeune duchesse choisit de sauver son peuple et ses institutions plutôt que de livrer sa capitale aux horreurs d’une prise par la force. En acceptant la perspective d’un mariage royal, elle sacrifie une part de souveraineté pour préserver l’essentiel.
À partir de cette date, la Bretagne ne sera plus jamais tout à fait la même. Elle garde sa mémoire, ses symboles, ses coutumes, mais son destin est désormais lié à celui de la monarchie française. Le 14 novembre 1491 apparaît ainsi comme un pont entre deux mondes : celui des grands duchés féodaux et celui des royaumes centralisés. Entre les remparts de Rennes, les campements de soldats, les heaumes étincelants et les lames d’acier rangées au fourreau, c’est toute la fin du Moyen Âge qui se donne rendez-vous.
Pour qui contemple aujourd’hui une épée médiévale, un casque de chevalier ou une armure complète, impossible de ne pas penser à ces heures décisives où le fracas des armes et le murmure des négociations ont décidé du sort d’un duché tout entier. Le 14 novembre 1491, la Bretagne cesse d’être seulement bretonne : elle devient aussi, pour toujours, une part de l’histoire de France.
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