La saga des Vikings - Partie 6 : Les fils de Ragnar

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Les fils de Ragnar – Une lignée de conquérants

Le nom de Ragnar Lothbrok n’a peut-être pas traversé les siècles seul. Sa descendance, à la croisée du mythe et de l’histoire, a marqué de son empreinte sanglante le destin de l’Europe médiévale. Les fils de Ragnar, héros de sagas et chefs de guerre, vont propager le chaos et l’ordre, la peur et la fascination.

Parmi eux, certains se démarquent par la brutalité, d’autres par l’intelligence ou l’endurance. Chacun porte en lui une part du destin de leur père, et tous ensemble… forment une armée qui changera l’Angleterre à jamais.

Ivar le Désossé : le maître du jeu

Parmi les fils de Ragnar, Ivar le Désossé est peut-être le plus complexe et le plus fascinant. Son surnom énigmatique — Ívarr hinn Beinlausi — divise encore les spécialistes. Était-il réellement sans os, atteint d’une maladie comme l’ostéogenèse imparfaite ? Ou bien son nom évoquait-il sa souplesse, ou sa cruauté "sans squelette moral" ?

Dans les récits, Ivar est stratège, froid, distant. Il ne combat pas toujours en première ligne, mais il manie les armées comme un joueur d’échecs. Il n’est pas rare qu’on le compare à Hannibal ou César pour son habileté militaire.

La Grande Armée païenne

En 865, selon les annales anglo-saxonnes, une immense armée viking débarque en Angleterre. C’est la Grande Armée païenne (micel here). Son but : venger Ragnar, tué par le roi Ælla de Northumbrie. Mais derrière cette vengeance, il y a l’ambition de conquérir un royaume.

Cette armée, dirigée par Ivar et ses frères, va ravager le territoire anglo-saxon pendant des années :

Prise de York (866)
Mort du roi Ælla, exécuté selon la tradition nordique
Déstabilisation totale des royaumes anglais

La figure d’Ivar domine cette campagne. Il installe des garnisons, exige des tributs, négocie quand il le faut. Il ne cherche pas la gloire immédiate, mais la fondation durable d’un pouvoir viking.

Pensez-vous qu’un chef doit être craint, aimé, ou simplement respecté pour régner ?

L’aigle de sang – réalité ou mythe ?

L’un des passages les plus controversés est l’exécution d’Ælla. Selon certaines sagas, Ivar lui inflige un supplice terrible : l’aigle de sang. On ouvre le dos de la victime, on sépare les côtes, on tire les poumons vers l’extérieur pour former des "ailes sanglantes".

Historien ou lecteur, chacun frissonne. Mais est-ce plausible ? Les chroniqueurs anglo-saxons ne mentionnent pas ce châtiment. Il se peut qu’il s’agisse d’un ajout tardif, pour souligner la cruauté… ou la justice viking.

Bjorn Côte-de-Fer – le conquérant des mers

Autre fils, autre style. Bjorn Ironside (Bjǫrn Járnsíða) est le grand navigateur. Selon la légende, il quitte les terres froides du Nord et mène des expéditions jusqu’à :

La Francie (où il affronte les forces de Charles le Chauve)
La Méditerranée, avec des raids en Espagne, en Afrique du Nord et même jusqu’en Italie
L’embouchure du Tibre, où il attaque… Rome elle-même (ou du moins, une ville proche, identifiée à tort comme Rome par les Vikings)

Son surnom, Côte-de-Fer, vient de sa résistance au combat. Les lames glissent sur lui. Les flèches ne le percent pas. Il est invincible, dit-on… ou presque.

Bjorn aurait fondé une dynastie en Suède, les Munsö, à l’origine des rois de Suède médiévaux. Un lien entre mythe et monarchie qui donne encore plus de poids à son nom.

Sigurd Œil-de-Serpent – l’oublié royal

Moins célèbre que ses frères, Sigurd "Œil-de-Serpent" reste pourtant un personnage important. Son surnom viendrait d’un motif étrange dans l’iris, en forme de serpent. Dans certaines versions, il est élevé dans le luxe à la cour d’Aslaug, sa mère. Dans d’autres, il devient un roi poète, calme et juste.

Il participe à l’expédition en Angleterre, règne sur certaines terres, puis disparaît dans les brumes de l’histoire.

Hvitserk – le frère de l’ombre

Hvitserk, dont le nom signifie "chemise blanche", est souvent le compagnon fidèle. Il combat aux côtés de Bjorn, puis d’Ivar. Dans certaines sagas, il meurt héroïquement lors d’un assaut suicidaire en Russie. Dans d’autres, il est capturé, converti, puis brûlé vif après avoir demandé à mourir… debout.

Tragique, discret, Hvitserk est le frère loyal, celui qui n’a pas sa propre gloire mais partage celle des autres.