Histoire de France au Moyen-Âge : le 10 Octobre. Le 10 octobre 1361, meurt à l’âge de seize ans Philippe Ier de...

Histoire de France au Moyen-Âge : le 29 Septembre
Histoire de France au Moyen-Âge : le 29 Septembre
29 septembre 1364 : La bataille d’Auray — La fin de la guerre de Succession de Bretagne
Un duché déchiré entre deux héritiers
Le 29 septembre 1364, les armées de Charles de Blois et de Jean de Montfort s’affrontent près de la ville d’Auray, en Bretagne. Cet affrontement sanglant met fin à plus de vingt ans de guerre civile pour la succession du duché de Bretagne. Ce conflit, connu sous le nom de “guerre de Succession de Bretagne”, s’inscrit dans le cadre plus vaste de la guerre de Cent Ans, où la France et l’Angleterre soutiennent chacune un prétendant au trône ducale.
Les origines du conflit
En 1341, à la mort du duc Jean III de Bretagne, sans héritier direct, deux prétendants revendiquent la succession : Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre et neveu du roi de France, soutenu par Philippe VI de Valois ; et Jean de Montfort, demi-frère du défunt duc, appuyé par le roi d’Angleterre Édouard III. Ce duel féodal devient rapidement un conflit international : la Bretagne devient le théâtre d’une guerre par procuration entre la France et l’Angleterre.
Vingt années de guerre et de sièges
Durant deux décennies, le duché est ravagé par les combats. Les deux partis s’affrontent dans une série de sièges, d’embuscades et de batailles décisives — dont la célèbre **bataille des Trente** (1351), symbole du courage chevaleresque breton. En 1362, une trêve fragile est conclue, mais les hostilités reprennent deux ans plus tard. Charles de Blois, libéré de sa captivité anglaise, tente de reprendre ses terres par la force.
Les forces en présence à Auray
À la fin de septembre 1364, Charles de Blois réunit une armée fidèle de chevaliers bretons et de troupes françaises, soutenue par Bertrand du Guesclin, alors l’un des meilleurs capitaines du royaume. En face, Jean de Montfort, allié aux Anglais, rassemble des archers expérimentés et des hommes d’armes commandés par John Chandos, chevalier anglo-normand redouté. Le champ de bataille se situe aux abords d’Auray, près du marais de Kerzo, un terrain difficile mais stratégique.
Le 29 septembre 1364 : la bataille décisive
Le combat s’engage à l’aube du 29 septembre, jour de la Saint-Michel. Les deux armées sont d’effectifs similaires, environ 3 000 à 4 000 hommes chacune. Les archers anglais de Montfort prennent position sur les hauteurs, tandis que la cavalerie française de Charles de Blois se prépare à charger. Le choc est d’une violence extrême : les chevaliers s’affrontent corps à corps, les épées, haches et masses d’armes s’abattant dans un tumulte d’acier. Les archers anglais, disciplinés et meurtriers, déciment les rangs adverses.
Bertrand du Guesclin combat vaillamment, mais il est capturé après une résistance acharnée. Charles de Blois, lui, refuse de se rendre. Il est tué sur le champ de bataille, frappé par plusieurs coups d’épée. La victoire est totale pour Jean de Montfort, qui triomphe avec ses alliés anglais.
Les armes et la tactique du XIVe siècle
La bataille d’Auray illustre la suprématie tactique des archers anglais et la transition vers une guerre plus organisée. Les chevaliers français et bretons portent des armures de plates complètes, des heaumes à visière, et manient des épées longues, des haches et des dagues de combat, semblables à celles visibles dans les collections de Épées et Armes et de Dagues et Couteaux. Les arbalètes et arcs longs, déjà redoutables à Crécy et Poitiers, jouent encore un rôle décisif dans la victoire de Montfort.
Les conséquences politiques : la paix de Guérande
La mort de Charles de Blois met un terme définitif à la guerre de Succession. En 1365, la **paix de Guérande** confirme Jean IV de Montfort comme duc légitime de Bretagne, tout en lui imposant de reconnaître la suzeraineté du roi de France. Ce compromis maintient l’autonomie du duché tout en rétablissant une stabilité durable. Le duché de Bretagne reste toutefois partagé entre les influences française et anglaise, équilibre précaire qui marquera son histoire pendant plus d’un siècle.
Bertrand du Guesclin : du captif au héros national
Fait prisonnier à Auray, Bertrand du Guesclin est racheté par le roi de France. Loin d’être déchu, il devient l’un des principaux artisans du redressement français. Quelques années plus tard, il sera nommé connétable de France par Charles V, symbole du renouveau militaire du royaume. Sa bravoure à Auray lui vaudra le respect des deux camps.
Le souvenir d’Auray dans la mémoire bretonne
La bataille d’Auray est restée gravée dans la mémoire bretonne comme une tragédie nationale. Elle marque la fin des luttes intestines mais aussi la soumission politique du duché à la France. À Auray, une chapelle fut érigée à la mémoire de Charles de Blois, béatifié en 1904 par le pape Pie X. Chaque 29 septembre, la ville célèbre encore cet épisode qui mêle foi, héroïsme et destin du peuple breton.
Conclusion : un 29 septembre décisif pour la Bretagne
Le 29 septembre 1364, sur les terres d’Auray, s’achève l’un des plus longs conflits féodaux du Moyen Âge. Par cette victoire, Jean de Montfort assure la stabilité du duché, tandis que la France, affaiblie par ses divisions, entame une lente reconsolidation sous Charles V. Ce jour-là, le destin de la Bretagne se scelle entre indépendance et fidélité au royaume, dans le sang et la gloire des chevaliers tombés sur le champ d’honneur.
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